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        Aussitôt Brenda Green lui emboîta le pas et le suivit dans le long et unique corridor mal éclairé, qui reliait la porte d’entrée extérieur à toutes les autres pièces de la station météorologique. Avançant à pas de loup sur le sol métallique jonché de détritus en tout genre, Doneby avait tous ses sens naturels aux aguets. Il s’arrêta soudainement et Brenda Green se cogna le nez contre son dos.
        - Pourquoi vous êtes-vous arrêté ? interrogea t’elle tout en se massant le nez.
        - Je sens de l’air, dit doucement le médecin.
        - Comment ça ? Il y a une porte ouverte quelque part ?
        - Ce qui veut dire que quelqu’un est entré.
        - Hein ? s’écria la quinquagénaire. Un… un bioroïd vous croyez ?
        - Chut ! fit Doneby. J’essai d’écouter !
        Fermant les yeux, concentrant tous ses efforts sur son ouie, l’homme essayait d’entendre le moindre bruit, le moindre son qui pouvait paraître inhabituel. Collée à lui, tremblante de peur, Brenda Green transpirait à grosses gouttes, une indescriptible chair de poule lui traversant l’échine. Et c’est là qu’il l’entendit ! Le cliquetis caractéristique du nanomoteur du maraudeur, le plus petit des bioroïds. Sorte de fourmi de un mètre de long et vingt centimètres de haut, la fonction première du maraudeur était de s’infiltrer entre les plus étroites crevasses dans des buts d’exploration. Aujourd’hui, ces machines s’étaient reprogrammées en tant que éclaireurs. Si un maraudeur se baladait dans le secteur, cela voulait dire que des bioroïds de "combats" n’étaient pas très loin.
        Paul Doneby ouvrit les yeux et chercha autour de lui quelque chose, une arme ou n’importe quoi, pour se défendre contre l’implacable créature qui se tapissait dans l’ombre, probablement à quelques mètres à peine. S’apercevant de l’air inquiet qu’avait son acolyte, Brenda Green lui demanda à voix basse ce qui se passait, mais l’homme ne répondit pas. A la place, il émit un léger grognement en voyant une barre de fer allongée sur le sol, dissimulée sous une table à roulettes ou pourrissait une corbeille de fruits et légumes. Se saisissant rapidement de l’objet, Doneby n’eut juste que le temps de le dresser devant lui en protection. Le maraudeur venait en effet de sortir de sa cachette, derrière une porte écroulée, et s’était élancé contre sa cible humaine. Tenant fermement la tige d'acier, unique séparation entre lui et les pattes acérées du bioroïd, l'homme avait été violemment propulsé contre le mur par l'assaut de la machine. Brenda Green de son côté s'était mise à hurler, hystérique, les bras gesticulant dans tous les sens. Doneby lui ordonna de partir, d'aller s'enfermer dans la petite cuisine de la station et de boucler solidement toutes les portes derrière elle, mais la femme continuait ses cris de terreur. Elle n'entendait même plus la voix de son compagnon, l'esprit embrouillé, les jambes paralysées, comme clouées sur place, son regard rempli de larmes de peur n'arrivait pas a se défaire de la vision cauchemardesque de l'insecte de métal.
        - Ne restez pas là bon sang ! s'époumonait le médecin.
        - Je… Je… nonnnnnn !!! Je ne peux pas bouger !!! ne cessait de répondre la quinquagénaire.
        Soudain, alors que ses pattes n'étaient plus qu'à quelques centimètres de la gorge de Paul Doneby, le biroroïd s'immobilisa. Les antennes de métal qui ornaient sa tête se mirent à tourner à gauche puis à droite, comme si elles essayaient de capter un message émit sur une gamme d'onde radio inaudible pour l'être humain. Le monstre lâcha bientôt sa proie et s'en alla à vive allure dans la direction d'où il était venu, comme si rien ne s'était passé.
        La barre de fer tordue et à demi entaillée entre les mains, Doneby était resté immobile, commençant à peine à réaliser à quelle mort horrible il venait d'échapper miraculeusement.
        Brenda Green, quand à elle, criait toujours en gesticulant. Le médecin s'approcha rapidement d'elle et la pris par les épaules. Il la secoua violemment avant lui de donner une gifle. Choquée, la femme revint soudainement à elle. Elle regardait Doneby avec une réelle expression de surprise sur le visage.
        - Je suis désolé, dit l'homme. Mais c'était la seule façon de vous faire reprendre vos esprits.
        - Qu'est-ce… qu'est-ce qui s'est passé ? interrogea la quinquagénaire.
        - Je ne suis pas très sur, mais le bioroïd est parti visiblement.
        - Hein ? Parti ! Mais comment ça ?
        - Allez comprendre ! Il me tenait entre ses griffes et, sans aucune raison particulière, il m'a lâché et s'es enfui comme ça, comme si de rien n'était !
        Brenda Green fixait son compagnon comme si celui-ci venait de raconter une mauvaise blague. Un bioroïd qui n'achève pas sa proie ? cela ne s'était encore jamais vu !
        - Je pense qu'on ne devrait pas trop traîner dans le coin, suggéra Paul Doneby.



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