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Histoire des Trois Mondes

Chapitre un

Rencontre avec le Démon



- Karine !!
        La jeune fille releva la tête à l'entente de son prénom, pestant contre ses cheveux noirs qui lui retombaient sur le visage. Mais à peine avait-elle relevé les yeux qu'on la percuta violemment, la renversant à terre.
- Oh, pardon ! s'excusa la jeune fille qui venait de renverser Karine.
- Emie ! Au lieu de m'écraser, tu pourrais peut-être descendre ?
- Oups, à oui !
        Emie se releva, aidant son amie à faire de même. Après s'être époussetée négligemment, Karine posa des yeux fatigués sur l'adolescente devant elle.
- Bon, qu'est-ce qui a encore ?
        Emie jeta des regards furtifs par-dessus ses épaules puis elle se pencha à l'oreille de son amie.
- J'ai parlé avec Anthony tout à l'heure, confia Emie, surexcitée. Et devine quoi ?
- Il a accepté de sortir avec toi ? soupira Karine.
- Ouaiiiiiiiiiiiisssssssss !!!!!!!!!!
        Emie se mit presque à sauter dans tous les coins après avoir percé les tympans de sa copine. Celle-ci esquissa quelque chose qui ressemblait vaguement à un sourire et s'éloigna, agacée. Qu'est-ce que ça pouvait avoir de si passionnant de sortir avec un mec ? On lui avait déjà proposé mais ça ne l'intéressait pas. Toutes ses copines ne parlaient que de ça, et ça l'énervait.
        Un homme passa alors sans prévenir devant elle, quand Karine leva les yeux en s'apprêtant à l'engueuler, elle tomba nez à nez avec deux yeux noirs assassins. Son prof de maths !
- Tiens, Karine Eurynome, fit l'enseignant d'une voix moqueuse. Toujours pas chez toi ? Il est déjà 17 heures !
- Pour ce que j'y trouverai, je préfère encore côtoyer les enflures du bahut !
- Tu pourrais être polie avec tes professeurs ! s'offusqua le mathématicien.
- Pourquoi, vous vous sentiez visé ?
        Voyant que l'enseignant, choqué, réfléchissait à une réplique cinglante, elle s'éloigna discrètement et sortit du lycée.
        Après avoir passé le portail, elle jeta un regard circulaire aux arrêts de bus devant l'établissement. Déserts. A cette heure ci, plutôt normal, m'enfin à part Emie qui restait tard pour finir le ménage, une autre façon de passer ses heures de colles, personne ne voulait rester très longtemps dans ce lycée de plus de vingt ans d'âge et qui devait être, avec la déchetterie, le bâtiment le plus pitoyable de la petite ville. Mais même cette poubelle géante était plus agréable que ce qui l'attendait dès qu'elle serait chez elle. Car là-bas, à part le néant, il n'y avait pas grand-chose de plus ! Depuis la mort de ses précédents tuteurs, Karine vivait avec son grand frère, qui, ayant atteint sa majorité, avait employé sa soeur comme femme de ménage. Le dit grand frère n'étant de toute façon que très rarement chez lui, cela n'avait pas grande importance pour Karine. De plus, il était plutôt sympa, quand il était là, c'est-à-dire une fois tous les mois, en moyenne.
        Karine poussa un soupir à déraciner la tour Eiffel. Cette journée avait été aussi barbante que toutes les autres, comme elle si attendait.
        Mais alors qu'elle marchait dans une grande allée bordée par des arbres, un vent froid lui gifla le visage. Elle frissonna et se frotta les bras dans un vain effort pour se réchauffer. Bizarrement, il lui sembla que la lumière déclinait. Karine releva la tête vers le ciel pour s'apercevoir que de gros nuages noirs se massaient au-dessus de la ville.
        Ça se lève pas aussi vite un orage normalement, songea la jeune fille, pas très à l'aise. Il faisait super beau y a deux minutes !
        L'air sembla se plomber d'une étrange tension et le sol trembla légèrement.
- Que ?!
        Karine regarda de droite à gauche, espérant trouver quelqu'un qui pourrait l'éclairer sur ce qui se passait. Mais l'allée était déserte.
        Aussi soudainement qu'il était venu, le vent s'arrêta tandis que la masse de nuages noirs s'épaissit. La terre trembla encore, puis s'arrêta.
        Il y eut un silence pesant ou Karine resta pétrifiée au milieu de l'allée. Subitement, le béton devant elle sembla s'écarter pour laisser place à quelque chose qui ressemblait vaguement à une main noire. Les griffes du membre s'enfoncèrent dans le mortier qui se fissura sous la pression. D'un mouvement de pression de la part de la main griffue, un corps sortit du béton, le faisant volé en éclat.
        Karine, statufiée, regarda la « chose » qui se dressait devant elle. Le corps sensiblement humain qui venait de sortir de terre était noir, recouvert d'étranges tatouages pourpres, et à peine habillé d'un tissu gris/blanc orné de fines runes. Une longue queue fourchue racla violemment le sol et deux pâles cornes torsadées étaient plantées sur le haut de son front. Les yeux fermés de la créature s'ouvrirent soudainement sur deux prunelles sanguines qui fixèrent la jeune fille immobile devant elle.
        Pétrifiée, de peur ou de surprise elle n'aurait pu le dire, Karine contemplait l'«homme» debout devant elle. Celui-ci eut un sourire cruel et s'élança sans crier gare sur l'adolescente.


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