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        Karbatsche monta à son tour dans le véhicule, à côté de Gladius. Le véhicule se mit aussitôt en route à une vitesse faramineuse. Les montagnes défilaient les unes après les autres et le petit oeuf virevoltait avec agilité entre elles.
        - C'est étrange, fit Gladius, on ne ressent ni l'accélération ni la force centrifuge.
        - Les merveilles de la technologie. Nous voilà chez moi.
        Le décor s'était arrêté de défiler brusquement, et Gladius n'avait ressenti aucun mouvement.
        - Ça alors... Mais quelle distance avons-nous parcouru ?
        - Environ 5000 kilomètres je crois.
        - En moins d'une minute ! Mais comment cela est-il possible ?
        - Je ne l'explique pas, il faudrait poser la question au concepteur de cet engin, je crois qu'il est unique dans l'univers.
        - Unique. Comment peut-il être unique ?
        - Absolument aucune idée.
        - Est-ce à cause de son prix ?
        - Je ne sais plus. Ça ne m'a pas paru cher lorsque j'en ai fait l'acquisition, bien que je ne me rappelle plus du prix exact, à un ou deux zéros près.
        - Un ou deux zéros près ?
        - Allons, ne vous torturez pas avec des questions aussi futiles que le prix des choses, dit Karbatsche qui attendait déjà Gladius à l'extérieur de l'engin.
        - Où sommes-nous donc ? Demanda Gladius en regardant autour de lui.
        - Voici mon petit chez moi.
        Le petit chez soi de Karbatsche était un édifice grand comme plusieurs centaines de terrains de football.
        - Nous sommes ici dans le salon.
        - Le salon ! Vous voulez dire qu'il y a d'autres pièces comme celles-ci ?
        - Des pièces ? Que voulez vous dire ?
        - Ah, vous me rassurez, j'ai vraiment cru qu'il y avait d'autres endroits comme celui-ci. Je ne suis même pas sûr d'apercevoir le plafond.
        - D'autres ? Ah mais bien sûr qu'il y en a d'autres ! Mes autres appartements sont disséminés un peu partout sur la planète, ce qui me permet de changer de paysage selon mon humeur.
        - Le paysage ? Mais on ne voit rien ici !
        - C'est parce que les murs sont opaques en ce moment, voulez-vous que je remédie à ça ?
        - Comment ? S'étonna Gladius.
        - Comme ça.
        Karbatsche claqua des doigts et la lumière du soleil pénétra partout dans l'appartement. Un grandiose spectacle de canyons et de rochers verdâtres se présenta tout autour d'eux. Gladius en resta abasourdi un moment. Puis il questionna Karbatsche:
        - Vous dites que vous avez d'autres appartements comme celui-ci. Serait-il possible de les visiter ?
        - Je croyais que vous n'aviez pas de temps à perdre. Enfin si cela vous chante je pourrais vous en faire voir certains.
        - Certains seulement ? Mais combien en avez vous au juste ?
        - Combien ? C'est une colle que vous me posez là. J'avoue que je n'en sais rien.
        - Mais... À peu près ?
        - Comment voudriez-vous que je le sache ? Soyez raisonnable voyons, s'offusqua Karbatsche.
        - Vous voulez dire que vous n'avez aucune idée du nombre d'appartements que vous avez sur cette planète ?
        - Ah, mais si vous parlez seulement de ceux que j'ai sur cette planète-ci, cela change tout, j'en ai peut-être 300, ou 400, ou même 500, c'est possible.
        - 500 ? Sur cette planète seulement ?
        - Cela vous étonne ?
        - J'avoue que oui. Mais comment faites-vous ? Ce sont vos employés qui les construisent pour vous ?
        - Mes ouvriers vous voulez dire ? Bien sûr que non, tout d'abord ils ne sont pas compétents pour cela, et puis comment pourraient-ils aller construire sur mes autres planètes, alors qu'ils ne supportent que l'atmosphère de celle-ci ?
        - En utilisant des scaphandres ?
        - Cela prendrait bien trop de temps, il est bien plus rapide d'utiliser la main d'oeuvre disponible sur chaque planète.
        - Vous voulez dire que vous employez des gens sur chaque planète sur laquelle vous faites construire ?
        - Oui, sur les quelques dizaines de planète où j'ai des appartements en effet.
        - Mais cela doit-être exorbitant !
        - Je vois à votre réaction que vous devez être bien dépourvu, financièrement.
        - Eh bien, en tant qu'agent de l'état, je gagne bien ma vie ma foi.
        - Ah ! Alors je suppose que vous comprenez comme moi pourquoi il est impossible de savoir le nombre de propriétés qu'on possède.
        - Pas du tout, je n'ai qu'un seul appartement sur Terre, et j'avoue que j'économise pour me faire construire, peut-être un jour, une petite résidence sur Mars.
        - Ça alors ! A vous de m'étonner ! Mais attendez... Votre appartement est peut-être très grand, c'est cela ?
        - Et bien je crois qu'il doit faire environ 75m².
        - 75m² ? Je n'ai aucune notion de cela. N'est-ce pas l'équivalent de la taille de la mer Méditerranée sur votre planète ? Il me reste quelques vagues notions de géographie...
        - Mais pas du tout. 75m² c'est... Euh... Comment vous dire ? Je peux en faire le tour en moins d'une minute.
        - En astronef ?
        - A pieds bien sûr !
        - Ah, avec des bottes-réacteur, effectivement, cela ne fait pas très grand !
        - Non, en chaussures, et même pieds nus si vous voulez !
        - Vous vous fichez sans doute de moi !
        - Laissons tomber ce sujet, voulez-vous. Après tout je ne peux pas vous expliquer la vie sur Terre, et il me semble qu'il y a bien trop d'écart entre votre train de vie et le mien pour qu'on puisse s'entendre là-dessus.
        - Je vous crois sans peine, dit Karbatsche, sur un ton laissant supposer une certaine vexation.
        - Parlons plutôt de la raison de ma venue.
        - Bien, comme vous voulez. Voulez vous un verre, nous serons plus à l'aise pour discuter.
        - D'accord, et pourrions-nous nous asseoir s'il vous plaît ? Je suis debout depuis plus d'une heure.
        - Bien sûr.
        Gladius se retourna pour chercher où se trouvaient les fauteuils. Tout autour de lui, il ne voyait rien.
        - Que vous faites-vous mon cher ? Ne voyez-vous pas que le divan est juste là ?


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