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        Le lendemain, lorsqu'il rentra chez lui après le travail, il se rendit soudain compte qu'il avait complètement oublié le coup de fil de Laurent qui lui avait demandé de passer pour récupérer les codes du jeu. Qu'importe, puisqu'il les avait lui-même changer la veille. Et puis il n'avait plus le temps de retourner chez Laurent. I1 devait commencer une nouvelle ville. Ce matin, lorsqu'il s'était réveillé, sa ville était en feu. I1 l'avait délaissée toute la nuit, et des émeutiers mécontents l'avaient mise à sac avant que les pompiers puissent intervenir. I1 était trop tard pour sauver la situation et il avait donc décider de laisser tomber cette ville-là pour en fonder une autre.
        Il ouvrit sa boîte aux lettres avant de monter chez lui. Il y avait les paperasses publicitaires habituelles et du courrier. Il emporta le tout sans y faire plus attention, referma la boîte aux lettres et monta chez lui.
        Il entra et sa première intention fut d'aller allumer son ordinateur. Il jeta toutefois d'abord un coup d'oeil au courrier pour voir si il y avait quelque chose d'important ou d'urgent; en tout cas de plus que la partie qu'il s'apprêtait à commencer.
        Son estomac lui rappela l'existence d'une vieille part de pizza dans son frigo. Il envisagea de la manger. Si elle était encore comestible. Il ne se souvenait pas avec certitude s'il avait mangé hier soir. Au moins avait-il mangé un sandwich à midi.
        Il y avait une lettre de sa banque. Pas de souci, c'était son relevé mensuel. Une lettre d'une revue à laquelle il était abonné qui lui offrait un nouveau service d'abonné privilégié. I1 n'en avait que faire.
        Il y avait encore une lettre et il mit longtemps à en comprendre la signification.         Ce n'était pas une lettre à laquelle il s'attendait. Elle était signée d'un monsieur Edwards dont il n'avait jamais entendu parler. Il pensa d'abord que c'était une lettre d'une organisation humanitaire ou d'un manifeste quelconque. Mais le contenu de cette lettre était chargé de sens.
        Il sourit. Bien sûr. Un instant il y avait cru.
        Allons on n'était pas le premier avril, mais Laurent n'était pas du genre à attendre ce genre d'occasion pour faire des canulars douteux. Evidemment ce ne pouvait être qu'une blague faite par Laurent ou un autre de ses copains. Comment pouvaient-ils penser une seule seconde qu'il y croirait?
        Il relut la lettre avec un sourire narquois peint sur son visage.


                                                        "Monsieur le Maire
                        c'est par pitié que je vous écrit cette lettre. Par pitié pour vous et le destin qui vous attend...
                        Ma famille entière est morte dans les incendies qui ont ravagé la ville cette nuit, par la faute de votre négligence et de votre incompétence qui frise la folie pure.
                        aussi, je vous avertis: préparez-vous à mourir de ma main. Où que vous alliez je vous retrouverai et je vous ferai subir tous les tourments que vous avez fait subir aux victimes de votre gestion implacablement désastreuse. Je soulagerai ainsi d'un grand poids tous ceux qui, comme moi, souhaitent ardemment votre mort!"

        Il écarta la lettre qui, nota-t-il au passage, avait été écrite à la main d'une écriture nerveuse. Il ne reconnaissait pas l'écriture de l'un de ses amis, mais il était aisé de changer son écriture, considéra-t-il.
        Il se dirigea vers son ordinateur. Cette fois la ville qu'il allait bâtir ne laisserait aucune place à leurs sarcasmes.
        En poussant le bouton de l'unité centrale, il se demanda tout de même comment ils avaient pu deviner que sa ville avait brûlé, ou même comment ils savaient qu'il avait pu jouer sans les codes. Il supposa qu'ils le connaissaient assez bien pour cela; et que les incendies étaient courants dans le jeu.
        Il fut surpris de constater que l'ordinateur avait conservé sa partie précédente en mémoire. Il n'avait pas pensé que les programmeurs s'étaient donné la peine d'inclure cette fonction fort complexe à leur produit.
        Sa ville était donc toujours là. En plus mauvais état que jamais. Il s'étonna de ce que les pompiers étaient finalement venus à bout des incendies qui avaient réduits en cendre les trois quarts de la ville.
        Seuls quelques quartiers avaient subsisté, de l'autre côté de la rivière qui séparait la ville en deux, et la criminalité avait encore grimpé. La ville était à présent peuplé de véritables pillards improvisés qui se remplissaient les poches des biens abandonnés par ceux qui avaient eu le temps de fuir, ou par ceux qui n'en avaient pas eu le temps...
        Il utilisa la carte panoramique pour avoir un aperçu de l'étendu des dégâts et pour voir à quoi ressemblait désormais cette ville virtuelle.
        C'était encore pire que ce qu'il avait imaginé. Ce n'était plus qu'un amas de cendre. Il ne restait rien de la partie sud de la ville. Seul le quartier résidentiel du nord-est, établi sur une colline, protégé par le cours d'eau, avait été épargné. Il se félicita d'y avoir construit le stade et la résidence du maire qui représentait la bâtisse qu'il aurait habité si sa ville eût été réelle.
        Lorsqu'il en eut assez de cette vision ludique de l'apocalypse, il sélectionna l'option nouvelle partie. Tout d'abord rien ne se passa. Puis un message apparut, l'informant que cette option n'était pas disponible en mode Simulation Totale.
        C'est seulement alors qu'il se souvint du "CheatMode" qu'il avait activé la veille. Il avait complètement oublié ce détail et n'avait d'ailleurs, jusqu'alors, rien remarqué de particulier qui indiquât que le code ait eu quelqu'effet que ce soit sur le déroulement du jeu.
        Il réessaya, mais le jeu lui affirma à nouveau qu'il ne pouvait accéder à cette option dans ce mode de jeu.
        Il contempla les ruines fumantes que la simulation avait produit et se demanda quel sens cela pouvait-il avoir. Voyons, il ne pouvait pas commencer une nouvelle partie. Il devait donc y avoir quelque chose à effectuer pour mettre fin à cette partie. Mais quoi ?

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