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        Un problème de ce genre ne devrait pas le bloquer longtemps. Combien avait-il "cracké" de codes depuis le début de sa carrière?
        Il ressortit du programme sans même essayer un code au hasard - ça ne servait à rien. Il utilisa l'un des nombreux programmes pirates installés sur son disque dur pour déterminer le type de code qu'utilisait le jeu.
        Verdict: un code à lettres. C'était encore plus simple qu'il ne pensait. Il n'avait qu'à trouver le bon mot pour entrer dans le jeu. Evidemment, celui-ci changerait à chaque partie, mais il avait deux solutions.
        La première était de verrouiller, de-neutraliser ou même d'effacer le programme de codage, et il n'y aurait définitivement plus aucun code à entrer pour jouer. Evidemment, le coup était souvent prévu par les créateurs du logiciel pour que cette opération empêche le jeu de fonctionner correctement. I1 avait entendu dire que certaines sociétés utilisaient d'anciens pirates pour protéger leurs programmes contre les futurs.
        La deuxième solution était d'attribuer lui-même le mot qu'il voulait comme code universel, et remplacer ainsi le code originel. Mais il fallait pour cela pénétrer dans le fichier qui contenait le programme de codage, et donc d'abord trouver ce fichier, puis le décoder car ces fichiers étaient souvent eux-mêmes inscrits en codes. C'était probablement la solution à retenir. Il se mit au travail avec l'aide d'un autre de ses logiciels.
        Il ne lui fallut pas plus de cinq minutes pour trouver le bon fichier et pas plus de cinq autres minutes pour le décoder.
        Là, la simplicité de l'opération était enfantine: effacer tous les mots de la liste qui faisaient office de codes, et les remplacer par n'importe quel mot choisi par lui, de préférence le même à chaque fois et le plus court possible. Riant pour lui-même il choisit le mot AH.
        Une fois qu'il eut terminé cette opération il regarda sa montre. Un quart d'heure pour venir à bout de ce système de codes qui avait du mobiliser un homme ou une équipe pendant toute une journée, peut-être même plusieurs jours. Une bonne performance. Une de plus pour lui.
        Il prit bien soin d'enregistrer le fichier et le relut pour vérifier qu'il n'avait rien laissé passer.
        Et c'est alors qu'il tomba sur quelque chose qui n'avait pas attiré soin attention la première fois. Juste en dessous de la ligne de titre, en caractères italiques, se trouvait une ligne de commande suspecte.
        Il n'en avait jamais vu de pareille. I1 ne connaissait même pas la commande qui la débutait.
        Normalement, toute commande informatique a une fonction bien spécifique. La plupart ne servent presque jamais. En fait il y a si peu de commandes courantes que n'importe quel débutant peut les apprendre toutes en quelques jours de pratique. Enfant, Patrice faisait déjà des programmes de dessin ou d'animation simple, et le fils d'un de ces amis savait faire poser des questions à son ordinateur et faire réagir celui-ci aux réponses par le biais de dessins stylisés représentant de petits visages comme les font les habitués d'Internet: les Smileys. Et il n'avait que huit ans.
        Pourtant, cette commande lui était totalement inconnue. Il était même à peu prés certain qu'elle ne pouvait pas fonctionner car elle ne devait même pas exister dans son ordinateur et donc celui-ci ne pourrait pas la reconnaître, et, a fortiori, l'utiliser.
        La commande était suivie d'une série de chiffres et sous-commandes qui devaient constituer les paramètres de la commande. Elle se terminait par un code. I1 relut encore une fois la commande en essayant de comprendre ce qu'elle signifiait et à quoi elle servait:

GIVELIFE=100/0 IF APPROB<50% CODENAME="TOTALSIM"

        Il réalisa que ça avait tout l'air de ce que les spécialistes de jeux vidéo appellent un Cheat-Mode, c'est à dire un code pour tricher dans les jeux. Ces codes permettaient de devenir invincible, d'avoir des crédits infinis ou d'obtenir des informations réservées; bref, de tricher. I1 n'avait aucune idée de ce qu'il ferait dans ce jeu. D'habitude il répugnait à utiliser ce genre de code dés la première partie, mais là, la bizarrerie de cette commande l'incita à déroger à cette règle. I1 avait maintes fois découvert des codes de ce genre dans les mêmes circonstances, mais cette fois il était vraiment curieux de savoir ce qui allait se passer.
        Il enregistra tout et relança donc le jeu. Son estomac tentait de lui rappeler que manger était une opération nécessaire à la survie de tout être vivant mais il ne l'écouta pas. I1 avait oublié la part de pizza depuis bien longtemps déjà.
        L'écran qui lui demandait d'inscrire son code se présenta. Ainsi donc il n'avait qu'à inscrire "AH", et le jeu passerait. Mais s'il tapait le code du CheatMode il pourrait savoir à quoi servait cette étrange commande. C'est ce qu'il fit:

>  TOTALSIM : _

        Le jeu fonctionna parfaitement.
        Patrice devenait donc le maire d'une ville fictive. Il se plongea à corps perdu dans le jeu, comme il aimait le faire. I1 vivait cette passion de l'informatique depuis son enfance et ne l'avait jamais abandonnée.
        Il n'y avait qu'une seule chose qui l'exaspérait: c'était la vitesse avec laquelle le temps passait lorsqu'il jouait.
        Au fur et à mesure des heures de jeu, sa ville prenait forme. Elle ne lui plaisait pas beaucoup mais c'était la première et il n'était pas encore familiarisé avec tous les mécanismes et les astuces du jeu.
        Il y avait beaucoup de pollution, trop de circulation, du chômage à la pelle... mais la ville était en bord de mer, dans un beau site, et avec un climat agréable. Mais le point qui l'alarmait le plus, c'était la criminalité.
        Les journaux qui paraissaient dans sa ville fictive ne parlaient que de ça, et la colère des habitants montait. I1 devait installer une prison et mettre en place une politique de surveillance des quartiers sous peine de voir la mafia prendre le contrôle de sa ville.
        Mais l'argent lui manquait et il devait régulièrement attendre la fin des tours de jeu pendant de longues minutes pour recevoir les impôts de ses citoyens. Vers quatre heure du matin, il finit par s'endormir et plongea dans un sommeil aussi encombré que les rues de sa ville.

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