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        Par chance, c'est un rouleau de moquette qui accueillit sa chute. Il reprit sa respiration, et se rendit compte que la voix était toujours là.
        « Noël… Noël… Tu n'as pas honte ?
        - Mais honte de quoi ? explosa-t-il.
        Son hurlement colérique se fit écho à lui-même à l'intérieur de la maison, mais la voix qui répondit à son oreille restait – elle – toujours aussi calme.
        - Tu n'as pas honte de te comporter ainsi?
        - Mais comment est-ce que je me comporte ? Je fais ce que je veux, c'est ma vie, ok? Et puis vous êtes qui pour me parler comme ça? »
         Un silence s'ensuivit et il roula sur lui-même, en espérant découvrir une présence près de lui. Autant que la pénombre lui permit d'en juger, il n'y en avait aucune, et il réalisa l'absurdité de la situation. Il était en plein délire, à entendre des voix et à parler tout seul dans le vide. Sûrement une conséquence des drogues qu'il prenait encore il y avait quelques années. Il allait balayer tout cela d'un éclat de rire, mais la voix choisit ce moment précis pour lui parler encore.
        « Noël… Noël… Nous ne te laisserons pas continuer, tu comprends?
        - Mais à la fin, qu'est-ce que vous me voulez? Et puis vous êtes qui ? »
        Il commençait à être excédé, mais aussi un peu effrayé. Toujours convaincu qu'il se faisait un bad trip de première catégorie, mais de moins en moins assuré de sa santé mentale, il commençait à trembler de colère et de crainte. Il s'inventait cette voix, mais pourtant elle ne lui disait rien. Elle était tranquille, au contraire de lui, et il ne savait dire avec certitude si c'était la voix d'un homme ou d'une femme, bien qu'il penchait pour une voix de vieille femme. Elle s'exprimait lentement, en détachant bien les mots.
        « Noël… Noël… Nous ne te laisserons pas sortir, tu as fait trop de mal… Il faut que tu nous laisses faire.
        - Trop de mal? Mais de quoi vous parlez ? Vous allez me dire qui vous êtes, à la fin?
        - Noël… Nous sommes l'esprit des ancêtres, et tu es maintenant dans notre demeure.
        - Quoi ? Des esprits ? Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? Pourquoi vous seriez dans cette maison?
        - Nous ne sommes pas dans cette maison, Noël… Nous habitons partout…
        - Oh, et arrêtez de m'appeler comme ça, bon sang! Ça me tape sur le système !
        - Noël… Il va falloir assumer tes actes et ce que tu es, dès maintenant… »
        Il en avait assez, et il voulait ignorer cette voix. De toute façon, c'était totalement débile. Il ne croyait pas aux esprits, n'y avait jamais cru, et n'y croirait jamais. Il se releva avec un mouvement sec de l'épaule. Son sac à dos se trouvait toujours sur ses épaules ; il espéra n'avoir rien cassé dedans, dans sa chute. Puis il oublia ça, et décida de se diriger vers l'étage, là où il se souvenait avoir vu une fenêtre non condamnée qui donnait sur un balcon. Il aurait simplement à casser la vitre et à sauter du balcon. Il grimpa les marches quatre à quatre.
        « Noël… Noël… Où vas-tu comme ça ? Tu crois que tu vas nous échapper ?
        - Vos gueules... dit-il avec autant de calme qu'il le pouvait.
        - Tu n'iras nulle part… Et même si tu partais, nous te suivrions.
        - Je m'en bats les couilles, de vos histoires d'esprits! Vous pensez que j'y crois? Vous êtes juste une voix dans ma tête, et c'est tout ! »


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