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        « La végétation pousse bien, par ici… »
        La jeune femme leva alors seulement son regard vers lui, avec un air qu'il aurait juré faussement étonné.
        Sans attendre, il s'assit près d'elle. Pourquoi perdre son temps en inutiles palabres quand une fleur se présentait, prête à se faire cueillir ?
        Quelques tours de passe-passe par le baratin lui suffirent à sauter de nombreuses étapes avant de poser sa main sur la cuisse de la demoiselle. C'était le risque à courir, et d'expérience il savait celui-ci pas bien grand. Une baffe et puis après ? La prochaine escapade et à la suivante.
        Mais cette fleur était visiblement bien disposée, d'ailleurs elle parlait peu et l'écoutait beaucoup, comme si elle attendait précisément, comme lui, qu'on en arrivât rapidement aux étapes cruciales suivantes.
        Elle n'avait pas l'air bien âgée. Peut-être même était-ce encore une adolescente. Quelle différence cela pouvait-il bien faire ? Et quel prénom avait-elle dit, déjà ? Peu lui importait…
        C'est au moment où il tenta de porter l'estocade en l'embrassant que l'attitude de la fille changea.
        « Une minute, fit-elle en le repoussant du plat de la main.
        - Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? répondit-il, surpris.
        - On ne se connaît pas… dit-elle avec un air malicieux.
        - Et alors ? Faisons connaissance, dans ce cas… »
        Mais au lieu de se mettre à bavarder avec elle, chose qu'il savait pouvoir être interminable, il la saisit par le poignet et l'obligea à se lever et à marcher avec lui à travers le petit parc, l'encourageant simplement d'un sourire calculé.
        La fille ne savait déjà plus que dire, alors il s'efforça simplement de meubler leur petite promenade de quelques tirades idiotes. Lorsqu'ils arrivèrent près du haut manoir, il se rendit compte que ses murs les dissimulaient aux regards éventuels des passants. Il pensait que c'était peut-être cela qui, en fait, dérangeait la jeunette, alors il tenta une nouvelle approche, plus subtile que la première, à base de petites caresses dans les cheveux. Puis, la plaquant contre le mur, il l'embrassa enfin.
        Tout en jouant de sa langue, conscient qu'il avait fait le plus dur de sa conquête, il commença à lorgner les alentours en ouvrant un œil qu'il promenait sur le mur du manoir. C'est alors qu'il aperçut la fenêtre grande ouverte de celui-ci, ce qui lui donna une idée.
        Laissant la fille, il recula de quelques pas pour mieux voir la bâtisse dans son ensemble. Elle avait l'air assez vieille, et complètement abandonnée. La plupart de ses ouvertures étaient condamnées par des planches de bois clouées, et le lieu était visiblement devenu le lieu de rassemblement des zonards du coin. Chaque mur était décoré de graffitis immondes, et chaque recoin formé par ces mêmes murs était envahi par des détritus peu ragoûtants, allant du tas de bouteilles de bière aux papiers journaux enveloppant des seringues aux pointes sales et effrayantes. En tout cas, le lieu n'était pas surveillé, et c'était tout ce qui intéressait Nono à l'heure actuelle.
        « Dis-donc, cette baraque a l'air de valoir le coup d'œil. Et si on allait un peu voir ça?
        - Cette maison ? Tu… tu veux vraiment entrer dedans ?
        - Bien sûr que oui, pourquoi pas ? demanda Nono qui commençait déjà à prendre ses appuis sur la fenêtre ouverte.
        - Pas question que je rentre là-dedans, dit la fille, cette maison est hantée…
        - Mais c'est des histoires ça ! ricana Nono qui venait de pénétrer à l'intérieur. Allez, viens! fit-il en se retournant vers la fille.
        - Elle est maudite depuis des siècles », maugréa celle-ci, croisant les bras sur sa poitrine.
        Nono ne jeta qu'un bref regard autour de lui avant de faire face à la fille. Pour la première fois, comme il était dans la pénombre de la maison, il vit vraiment le visage de cette fille, tandis qu'elle se tenait debout face à lui, dans la lumière du jour. Cette dernière avait beau être grisâtre, elle éclairait vivement la peau un peu dorée de la fille, et il s'amusa intérieurement de l'air un peu boudeur qu'elle avait pris, en maintenant ses bras croisés sur sa petite poitrine appétissante.


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