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(Un petit garçon)


        "Tuuuuûûûût !"
        Il sursauta.
        Son coeur faisait des bonds dans sa poitrine. Où était-il donc ? C'était comme une immense allée, mais elle était entièrement grise. De gros monstres, d'une matière brillante et colorée qui avait l'air dure, circulaient en rugissant et en aboyant entre les gigantesques falaises d'un bleu-gris scintillant qui bordaient cette allée. Celle-ci était pavée d'une matière gris sombre qui faisait penser à la roche, mais ce n'en était pas, ou en tout cas il n'en avait jamais vue de telle.
        "Tuuuuuuuûûûûûûûûûût ! TUUUUUUUUUUT !"
        Des centaines d'aboiements stridents lui vrillaient les oreilles, et il ne savait que faire. Tout à coup il vit un bras pâle émerger de l'un des monstres - celui-ci était d'un rouge menaçant - et une voix hurla:
        "Non mais tu vas bouger de la route, petit garnement !"
        Il ne comprenait pas un traître mot à cet étrange charabia. Tout à coup il sentit qu'il s'élevait du sol, et il réalise que quelqu'un le portait. On le reposa un peu plus loin, là où il n'y avait plus ces gros monstres carrés. Il entendit le bruit de rugissements colériques, et celui de voix mécontentes, puis tout cela se perdit dans l'invraisemblable vacarme ambiant des rugissements sauvages à n'en plus finir.
        "Alors petit, ça ne va pas bien ? Il ne faut pas rester comme ça au milieu de la route !"
        Il se retourna vers la personne qui lui parlait. C'était un homme adulte, qui avait l'air plutôt sûr de lui, et peut-être un peu en colère, bien qu'il vit dans ses yeux une étrange lueur... Comme si cet homme était un peu fou dans sa tête. D'autres personnes les entouraient, et il croisa leur regard. Tout le monde semblait le considérer avec un certain étonnement et aussi... N'était-ce pas de l'apitoiement ?
        Une voix triste lui parla, venant de quelque part dans l'assemblée.
        "Alors petit, tu es perdu ? Où sont tes parents ?
        Et quelqu'un d'autre de surenchérir:
        - Oh le pauvre, il a l'air complètement déboussolé !
        Il ne voyait même pas qui lui parlait, tant il y avait de gens autour de lui. Du coup, il ne savait à qui répondre. Alors il se tut.
        - Il est tout timide... On devrait peut-être lui donner un petit verre d'eau.
        Quelqu'un le prit par la main sans lui demander son avis, et il dut presque courir pour suivre son rythme tant la personne qui le traînait marchait vite et sans faire attention à lui.
        Il remarqua qu'ils suivaient le cours de cette étrange et immense allée, bordée de grands édifices dont les façades brillaient comme des larmes coulant sur un visage. Il ne savait ni où il était, ni où il se trouvait. Il promena un peu partout son regard, mais comme il courait, il n'eut pas le temps de voir grand chose. En se retournant, il eu juste le temps de voir que les autres étaient restés en arrière et le pointaient du doigt, parlant visiblement de lui.
        Il était essoufflé, et se sentait plutôt apeuré par ce lieu inconnu et bruyant, mais il avait à peine le temps d'y penser. On le fit entrer dans un lieu sombre et fermé. Une odeur âcre et écoeurante qu'il ne reconnut pas le fit tousser. Au moins, c'était un peu plus silencieux ici...
        Et il y avait beaucoup de monde, à nouveau. De nombreuses paires d'yeux se tournèrent vers lui. Une voix émanait d'une image qui semblait se mouvoir d'elle-même, au-dessus de ce qui semblait être une longue chose rectangulaire en bois, sur laquelle de nombreux hommes étaient accoudés, tenant dans leurs mains d'étranges objets reflétant la lumière. Cette lumière était elle-même étrange d'ailleurs. Elle semblait venir de soleils allongés accrochés au plafond. Il n'avait jamais rien vu de tel. Tout comme d'ailleurs tout ce qu'il avait découvert ici depuis quelques minutes.
        "Regardez-moi ça ! Fit l'un des hommes accoudés à la grande bûche géométrique. Comment qu'il est habillé çui-là ?"
        Il entendit des voix fuser de toutes parts, avec des accents tellement bizarres qu'il ne comprit rien à ce qui se disait.
        Puis la femme qui l'avait traîné ici - en fin de compte il vit que c'était une femme - se pencha vers lui, et lui parla avec une voix amicale.
        "Viens t'asseoir ici, mon petit."
        Elle le mena vers une banquette qui était plutôt molle et l'y assit d'elle-même, comme s'il ne savait pas marcher et s'asseoir tout seul...
        "Alors dis-moi, tu as soif, tu veux boire quelque chose ?"
        Avant même qu'il ait répondu, elle fit un signe à quelqu'un qui se tenait derrière la grande bûche et un instant plus tard, un truc cylindrique rempli d'un liquide vert vif se trouvait juste à hauteur de son nez, sur un plateau de bois posé sur un grand pied. La femme le lui mit entre les mains et lui mit presque le bidule allongé en forme de roseau entre les lèvres.


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